Javier

Salut ! Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Javier, on m’appelle également « El Padre » ou à l’époque « Jaja » ou encore « Dekor », mon blaze de graffiti. Je suis tatoueur, graphiste, et également chanteur dans le groupe de métal genevois Nostromo. Je signe mes créations sous « Hardcore Solution » depuis 1993, et c’est aussi sous ce nom que je développe des visuels déclinés sur t-shirts. Je collabore également, en tant que fondateur, à la mise en place et promotion d’expositions à la Next Door Gallery.

Quelle est ta formation (ou le parcours) qui t’a mené ici ?

Je suis né à Nyon et suis arrivé sur Genève début des années ’90 pour mes études artistiques au Collège Voltaire et c’est un peu là que j’ai découvert tout ce qui me plaît actuellement (graffiti, dessin, musique, etc.). Je suis autodidacte et me suis formé sur le tas, au fur et à mesure des rencontres/connexions avec les passions qui m’entourent. J’ai travaillé en agence de communication pendant environ 10 ans et suis à nouveau indépendant depuis maintenant 3 ans.

Comment trouves-tu l’inspiration ?

Plus que de l’inspiration, c’est des choses que je vois qui me marquent et qui sûrement viennent laisser une trace que je ressors quand il s’agit de créer. Sinon, évidemment, je suis des artistes, créateurs, qui me plaisent et récolte des idées en lisant, fouillant sur le web, etc. Les rencontres et échanges avec d’autres créateurs me font également avancer et créer.

Quels sont tes influences, tes mentors ?

Elles sont très larges et variées. Ça va aller d’une photo que j’ai vue, à une affiche, un générique de film/série ou même un morceau de musique ou juste une punchline. Je n’ai pas vraiment de mentor, mais des gens dont j’apprécie le travail. Il y en aurait bien trop pour tous les citer, vu que c’est très vaste, dans plusieurs domaines, autant graphiques que musicaux.

As-tu un processus de travail ?

Pas vraiment. J’y vais un peu à l’instinct. Soit j’ai une idée assez précise qui s’est développée dans ma tête et du coup, là je peux la poser sur papier, écran, etc. assez vite, soit je vais faire des essais un peu vite fait pour ensuite sélectionner ce qui me semble fonctionner le mieux. En général j’aime bien poser des éléments, laisser reposer et ensuite revenir dessus pour affiner et éventuellement finaliser si le projet me plaît.

Quelle importance portes-tu à l’environnement ?

Ça devrait être plus important pour moi et pour tout le monde. J’ai une conscience environnementale en essayant de ne pas trop gaspiller, mais j’ai l’impression que le problème ne vient pas de la population, comme toi ou moi, mais plutôt des classes dirigeantes qui sont très proches des industries et donc moins actives et prêtes à faire des efforts. Tant que ça ne bougera pas à ce niveau supérieur, on aura beau nous demander de faire des efforts, de participer, ça ne risque pas vraiment d’avancer dans le bon sens.

Et ton rapport à la politique ?

Je ne suis pas engagé politiquement. J’ai bien sûr des idées et des valeurs, mais je ne me retrouve pas vraiment dans tous les groupements, partis représentés qu’on entend en permanence. À partir du moment où on commence à avoir des bonnes idées, et du coup de l’influence, on se fait vite récupérer et à défendre des intérêts plus forcement en adéquation avec ses idées de base.

Comment vois-tu ton futur ?

Toujours en développement. S’il n’y a plus d’activité, tout s’arrête. Jamais sûr de ce que je fais, donc toujours en questionnement et en recherche. J’avance beaucoup aux rencontres et au feeling. Le but principal est quand même de se faire plaisir. J’ai cette énorme chance de pouvoir créer et collaborer avec des gens que j’aime et j’apprécie, donc il faut en profiter.

 

Et notre avenir ?

Entre espoir et pessimisme. Espoir pour mes deux enfants et par rapport à la jeunesse actuelle qui commence à se bouger et le montrer, mais pessimisme quand je pense à tout le chemin qu’il y a encore à parcourir pour faire prendre conscience aux gens de l’importance du sujet.

Est-ce dur de vivre de son talent ?

Je ne pense pas que c’est le talent qui te permette de vivre, mais ton travail. Tu as peut-être de la facilité ou de l’aisance à accomplir certaines choses, mais sans travail ça ne se développera pas et tu ne vas pas pouvoir aller de l’avant, t’améliorer. Généralement, quand tu vois une réalisation ou quelque chose qui te semble simple, c’est qu’avant ça il y a eu des heures d’essais, de recherches et d’erreurs pour y arriver.

Comment vis-tu les réseaux sociaux ?

Je m’en méfie et ne crois pas aveuglement ce qui y est présenté, c’est une réalité totalement faussée et magnifiée. Il faut rester très critique. On est dans un monde de l’apparence, du marketing à outrance et on va te montrer uniquement ce qui va te correspondre ou te plaire.

Comment te sens-tu face à la multitude d’artistes, plus au moins talentueux, présents sur ces plateformes ?

Je le vois comme une source d’inspiration et de motivation. J’y trouve aussi pas mal de références et ça m’a permis de me mettre en contact avec des artistes que j’apprécie. Comme précisé avant, il ne faut pas prendre ça comme une réalité absolue, les gens ne te présentent que ce qui est bien, donc forcément, tu vas te sentir frustré ou te dire que tu ne vas jamais y arriver.

Est-ce une obligation d’être présent sur le net ?

Malheureusement oui. C’est un outil vraiment pratique, à condition de bien le gérer, et je suis assez mauvais sur ce point, ah, ah.

Un coup de cœur à partager ?

J’adore toujours le travail de gens comme Chuck Sperry (San Francisco), qu’on a exposé plusieurs fois chez nous et qui est devenu un ami avec le temps. J’adore autant son travail, que son engagement et son éthique en général. Malgré le succès et la côte qu’il a acquis après toutes ces années, il reste accessible, intègre et indépendant. Humain, tout simplement.

Une question que tu as toujours voulu qu’on te pose, et sa réponse ?

Comment te vois tu dans 10 ans ? Je me vois bien profiter d’être avec ma famille, continuer à me faire plaisir, artistiquement et humainement, mais je sais que les plans et projections sont toujours différents de la réalité.

Où est-ce qu’on peut te trouver ?

J’officie actuellement au studio de tattoo «Lo Siento Mamá», à la rue de l’Arquebuse 16, à Genève, juste à côté de la «Next Door Gallery» que je gère également avec deux autres associés. Sinon, mon taff est visible sur Instagram et facebook, que je dois mieux alimenter.


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